SDP, ce TNF méconnu des médecins et du public

Alain-Nicolas GILG : Ophtalmologue
PRESENTATION DE L’ASSOCIATION
Si les troubles neuro-fonctionnels (TNF) sont déjà peu enseignés dans nos études de médecine, car ils sont relayés à la dernière ligne des chapitres sur les étiologies inconnues (idiopathique, cryptogénétique…) des maladies, il en est de même pour le Syndrome de Déficience Posturale qui en est une entité particulière. Quelques DU (PATA : Perception-Action, Troubles des Apprentissages) existent en France, mais prodiguent une formation plus théorique que pratique, c’est pourquoi, avec un groupe de professionnel de santé, nous avons créé l’association pour les Pratiques Alternatives de Santé : Soins, Enseignement, Recherche (P.A.S.S.E.R.). Nous organisons des présentations du SDP pour le grand public, mais également des sessions professionnelles pratiques pour tous les acteurs de santé.
DEFINITION MEDICALE
Le Syndrome de Déficience Postural est connu depuis 1979, par la publication originale de l’école portugaise (Dr DA CUNHA, Dr DA SILVA) qui en fait une entité par élimination : « La posture correcte, fondamentale pour le bien-être de l’homme, consiste en un processus extrêmement complexe qui, pour atteindre l’équilibre, exige de chacun une conscience intégrale de son corps, de ses limites et de sa localisation correcte dans l’espace ; en somme une profonde mutation somato-psychique et spirituelle. La posture comprend, en effet, une association intégrée de phénomènes biomécaniques, neurophysiologiques et neuropsychiques qui s’influencent et se compensent à chaque instant, toujours conditionnés par de simples mouvements oculaires, par la position et la mobilisation de la tête et des membres supérieurs, par le type d‘ appui plantaire, par la marche et même par le repos assis ou couché. »
EXPRESSION CLINIQUE
Le SDP est donc un syndrome multiforme, pouvant affecter toutes les entrées posturales : oculaire (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, dyspraxie visuo-spatiale), ORL (vertiges, acouphènes), stomatologique (SADAM, bruxisme, crânialgies matinales), rhumatologique (fibromyalgie), orthopédique (scolioses,rachialgies, scapulalgies), neurologique (migraines, astasie, abasie, Raynaud, paresthésie), psychiatrique (dépression réactionnelle, tentative d’autolyse). C’est cette multitude de signes, plus ou moins associés et sans lien apparent, qui fait errer le diagnostic par les médecins.
PHYSIOPATHOLOGIE
C’est avant tout un diagnostic d’élimination, car il s’agit d’un syndrome fonctionnel, ce qui explique que tous les examens pratiqués se révèlent normaux ou inchangés (TDM, IRM, Echo, EMG etc.). Certains capteurs posturaux, pour des raisons congénitales ou acquises, ne donnent pas la bonne information (dysneuroperception centripète) aux centres intégrateurs du cerveau, qui redistribue une information centrifuge erronée sur le corps entier, d’où les troubles des apprentissages, les sensations ébrieuses, les contractures musculaires douloureuses, les troubles micro- et macro-circulatoires, les dysthésies et le sentiment d’être incompris, car ils traduisent ce conflit neuro-perceptif, ce qui se traduit par « le corps n’est pas là où il pense qu’il se trouve !».
EVOLUTION
Le SDP reste compensé (la moitié des SDP), c’est-à-dire asymptomatique, durant des années, tant que les capacités d’adaptation du sujet sont conservées. Un facteur déclenchant (traumatisme physique ou psychique) peut suffire à décompenser le sujet qui devient alors symptomatique (30 % des plaintes subjectives inexpliquées en consultation). Comme c’est un diagnostic d’élimination, peu connu, sa découverte est souvent tardive et explique son évolution spontanée, avec majoration des signes fonctionnels dans le temps et extension loco-régionale.
TRAITEMENT
L’évolution du SDP décompensé traité est d’autant plus favorable que la prise en charge est précoce. Le traitement est multidisciplinaire (reprogrammation psoturale globale) et s’appuie sur une correction hiérarchisée des entrées posturales, en respectant la primauté des capteurs centraux (axe mandibulo-crânio-sacré), avant les capteurs périphériques (œil, pied, cicatrices adhérentes, système digestif vu comme « deuxième cerveau »). Les thérapeutiques sont avant tout orthétiques (lunettes à prismes posturaux, gouttières occlusales de décompression, semelles proprioceptives), accompagnées de rééducation adaptative (orthoptie, orthophonie, rééducation vestibulaire, ergothérapie), plus rarement médicale (RISPERDAL, TEGRETOL, SERC), exceptionnellement chirurgicale (chirurgie orthognatique, strabologique, orthopédique). Lorsque les tests posturaux confirment la moindre efficacité de la remédiation posturale, un sevrage orthétique est initié jusqu’à disparition complète des troubles.
Docteur GILG Alain-Nicolas,
Président de l’Association PASSER
3 Rue Servient, 69003 Lyon
Tel 04 78 95 09 15
Email : passer253@gmail.com