Témoignage de soignant
Les explications de Camille Sage : Psychologue
Je travaille comme psychologue depuis un peu plus de 2 ans, dans un contexte d’hôpital de jour, auprès de patients concernés par les Troubles Neurologiques Fonctionnels.
Ma pratique clinique est fondée sur les Thérapies Cognitives et Comportementales.
Voici quelques points, issues de mes observations, qui accompagnent ma pratique clinique en lien avec les Troubles Neurologiques Fonctionnels.
La psychoéducation
En premier lieu, il convient d’assurer auprès du patient une psychoéducation de son trouble.
Da manière générale, j’insiste sur le fait que mon intervention prend place dans le processus de rétablissement du patient et non pas de guérison. Je pense qu’axer le travail thérapeutique sur la disparition des symptômes peut générer des attentes contreproductives.
Le trouble neurologique fonctionnel peut prendre de multiples aspects et mon implication auprès du patient consiste à l’accompagner dans l’exploration des différents éléments qui font son trouble. Le facteur précipitant la décompensation du trouble peut parfois être clairement identifié et amener à une prise en charge spécifique, comme un évènement traumatique identifié comme à l’origine des symptômes nécessitant une prise en charge centrée sur cette problématique. Il est important de noter que cela n’est pas toujours le cas et il me semble important de ne pas concentrer l’accompagnement sur la recherche de l’origine au détriment du travail sur les facteurs de maintien des difficultés. Il est utile d’entrainer les patients à l’auto observation de leurs symptômes : dans quel contexte apparaissent-ils ? Dans quelle situation précise ? Quels sont les symptômes ? Quelles pensées, quelles émotions et quels comportements les entoure ? L’auto observation entraine le patient à comprendre ses symptômes et lui permet d’élaborer des stratégies pour limiter leur récurrence et/ou leur impact sur la qualité de vie.
Les émotions
En tant que psychologue, le travail autour des émotions est transversale à toutes mes prises en charge. Cependant il peut être d’autant plus central auprès de patients souffrant de Troubles Neurologies fonctionnels pour lesquels les études montrent plus souvent une tendance à l’alexithymie (trouble de la lecture et de l’expression des émotions) que chez la population générale (Demartini B, Petrochilos P, Ricciardi L, et al
The role of alexithymia in the development of functional motor symptoms (conversion disorder) Journal of Neurology, Neurosurgery & Psychiatry 2014;85:1132-1137) .
Il me paraît important de vérifier les capacités de reconnaissance des émotions des patients, et éventuellement de les renforcer, avant de pouvoir proposer un travail plus approfondi de gestion des émotions.
Les comorbidités
Le traitement des potentielles comorbidités comme les troubles anxieux, les troubles de la personnalité, les épisodes dépressifs etc. fait également partie intégrante de ma pratique, les comorbidités alimentant souvent l’expression des symptômes fonctionnels.
Enfin, il me paraît essentiel de favoriser un accès à une prise en charge globale du patient avec des soins adaptés à sa symptomatologie.
Camille SAGE – Psychologue
La section Neuropsychiatrie de l’AFPBN a organisé un webinar lejeudi 12 octobre 2023 de 12h30 à 13h30
« Les Troubles Neurologiques Fonctionnels à travers les âges » Replay
Actualités et innovations dans les troubles neurologiques fonctionnels
Webinar de la section Neuropsychiatrie du 23 novembre 2022 sur le thème « Actualités et innovations dans les troubles neurologiques fonctionnels » – Retour de la 4ème Conférence Internationale sur les TNF / Boston 2022.
Webinar Douleurs Chroniques et Troubles Neurologiques Fonctionnels
Webinar de l’AFPBN sur l’étude de la douleur et la fatigue chronique dans les TNF…
L’alexithymie, comment le manque d’émotions affecte notre santé
Conférence donnée le 19 novembre 2013 par Olivier Luminet à L’UCL dans le cadre des conférences IPSY.
CNEPs: Crises Non Épileptiques Psychogènes
Cours sur les crises non épileptiques psychogènes, avec le point de vue du psychiatre, par le Dr Michel Cermolacce.
« Mémoire de la peur » : comment notre cerveau nous protège
De l’inconfort poignant d’être seul dans une ruelle sombre à l’angoisse sourde que l’on peut ressentir envers un futur incertain, la peur prend différentes saveurs. Si cette émotion nous vient d’un mécanisme de survie de base (se protéger de dangers mortels), de nombreux troubles psychologiques liés à la peur dépassent cette fonction initiale : crises de panique, phobies sociales, troubles de stress post-traumatiques, pour ne citer qu’eux. Ces troubles ont tous en commun l’émotion qu’est la peur et des symptômes de réaction à une forme de menace.
L’hystérie : ne plus vouloir pouvoir, ne plus pouvoir vouloir
L’hystérie se définit comme un déficit fonctionnel sans cause organique. Par exemple, certains patients sont incapables de se mouvoir volontairement, comme s’ils étaient véritablement paralysés, sans que l’on puisse fournir une explication physiologique. À l’inverse, les patients souffrant d’anosognosie sont véritablement paralysés, mais affirment pouvoir bouger. Ces pathologies résultent toutes deux d’un trouble de la conscience de la capacité à agir : les uns croient qu’ils ne peuvent pas agir alors qu’ils le pourraient et les autres croient pouvoir agir alors qu’ils en sont incapables. Mais de quoi dépend cette forme spécifique de conscience ? En comparant ces deux syndromes miroirs, je chercherai à révéler les processus mis en jeu par la conscience de la capacité à agir et à jeter un jour nouveau sur l’hystérie. S’agit-il d’un trouble de la volonté, et si oui, à quel niveau se produit-il ? J’analyserai ainsi les relations respectives entre la conscience de la capacité d’agir et la conscience d’agir, et montrerai le rôle joué par l’image corporelle.
Mémoire traumatique : comment notre cerveau enregistre nos traumatismes ?
Le mécanisme de mémoire traumatique s’explique comme un acte de survie, dans le cadre d’une situation violente à laquelle nous ne pouvons échapper. Le cerveau, alors contraint, est sidéré.
Notre cerveau peut aussi nous mettre psychiquement à l’abris : il dissocie, c’est-à-dire qu’il soustrait notre conscience à l’horreur de la scène et nous emmène dans un lieu protégé où nous pouvons survivre.
Lorsque notre cerveau nous autorise à sortir de notre cachette, il arrive souvent que nous ayons oublié.
Aider les survivants de traumatismes à comprendre ces propriétés de la mémoire peut contribuer à réduire les évaluations catastrophiques des symptômes de leur mémoire et à les préparer aux éléments de traitement de la mémoire des thérapies axées sur les traumatismes.